Au fond c’est mon rôle de manager, personne ne me l’enlève. Oui bien sûr je reçois ce collaborateur qui a un souci, personnel ou professionnel, oui je mets en œuvre mes entretiens d’appréciation annuels, oui je défends mon équipe pour obtenir une bonne enveloppe de gratification, oui je demande à chacun son avis avant de prendre une décision importante …
Certes.
Mais alors où est le courage là-dedans ?
S’arrêter dans la course effrénée aux résultats et aux tâches ?… quelle perte de temps ! Que vont penser vos pairs et vos hiérarchiques ?… et même … vos collaborateurs ? ‘’Le chef n’est pas cohérent, il nous demande de relever toutes sortes de challenges et on perd du temps dans des bavardages inutiles…’’
Pour moi, le courage se situe à deux niveaux.
Tout d’abord, accepter cette confrontation et répondre : ‘’si, c’est important’’, et ce n’est pas simplement un discours politiquement correct. Donner du temps, se donner du temps, c’est distribuer de sa richesse, donner un bien d’un prix infini. C’est aussi accepter une forme de solitude tout en restant en accord avec soi-même, avec la conviction que le chef est éminemment modélisant.
Puis le courage, c’est celui de vouloir rentrer vraiment en relation, d’accueillir l’autre avec ce qui est présent à lui, ses doutes, ses satisfactions, ses besoins. Prendre, par exemple en début de réunion, un vrai temps d’écoute complète de chacun. Celui où l’on se laisse le temps, en mettant de côté les jugements, la peur de ne pas être à la hauteur. Le temps d’être là authentiquement, appartenant à ce groupe, en lien avec toute son humanité faite de forces et de fragilités. Et permettre que se créée ce lien humain puissant qui ne peut que se vivre et non se décréter.
Trois questions tellement simples … et inhabituelles.
‘’Avec quoi j’arrive ? Qu’est ce qui s’est passé d’important pour moi depuis notre dernière rencontre ? Qu’est ce que j’attends de ce moment de travail ensemble ?’’
Ce n’est pas compliqué, il n’est pas nécessaire d’être un ingénieur émérite pour avoir trouvé ces questions. Ce qui n’est pas donné à tous en revanche, c’est d’accepter d’entendre en étant véritablement centré sur l’autre et non pas sur ses propres peurs. Rester tranquille, sans se sentir attaqué, sans se justifier, minimiser ou moraliser. Simplement accueillir. Par la suite viendra le temps de chercher, ensemble, des solutions. Ou peut être pas. Car souvent, dire en étant entendu suffit pour reprendre des forces et repartir de l’avant.
Et vous, avez-vous envie d’y croire ?
Voulez-vous (re-)essayer ? Merci de vos réactions !