D’après les propos de Bruno Lefebvre1, psychologue clinicien, le burnout est la maladie de la reconnaissance plus encore que la maladie de la charge excessive de travail.
Tout se passe alors comme si notre besoin de reconnaissance était un puits sans fond que seul un travail acharné donnerait l’espoir, ou l’illusion, de combler
L’épuisement professionnel s’inscrit souvent dans une spirale de réussite. Le professionnel a de bons résultats, il voit ses responsabilités s’accroître de façon très (trop ?) rapide. Au fil du temps, s’installe un décalage entre l’énergie investie et la reconnaissance perçue, ce qui incite la personne à renchérir encore son investissement, souvent au détriment des autres dimensions de sa vie. Les premiers symptômes apparaissent, ils ne sont pas écoutés …
Tout se passe alors comme si notre besoin de reconnaissance était un puits sans fond que seul un travail acharné donnerait l’espoir, ou l’illusion, de combler.
Ainsi un aspect essentiel concerne cette quête de reconnaissance, qui renvoie à trois dimensions : l’accord avec notre identité profonde, la reconnaissance des autres et notre propre reconnaissance interne.
Identité et accord avec soi
La question est de savoir si notre vécu professionnel comme personnel est en accord avec les dimensions plus profondes de notre identité, et si certains choix doivent être réorientés.
Car ne pas être pleinement en accord avec soi est l’une des sources importantes de burnout.
Etre authentiquement nous-même au-delà des définitions extérieures
Vincent Lenhardt2 compare l’identité à une colonne vertébrale, pour montrer que si une vertèbre, une dimension de notre identité, n’est pas en cohérence avec le reste, cela créé un déséquilibre très perturbant.
Quelques exemples : Mes valeurs sont-elles en accord avec l’objet de l’entreprise pour laquelle je travaille, avec ce qui se vit dans mon équipe ? Mon métier et ma fonction correspondent-ils à ma personnalité, répondent-ils à mes besoins psychologiques, à mes talents uniques, à ce que je souhaite accomplir ? Ma vie est-elle accordée à mes aspirations spirituelles ? Les places respectives de ma vie personnelle et de ma vie professionnelle me conviennent-elles ? D’origine étrangère, suis-je à l’aise avec mon identité nationale ?
Oser notre identité, être authentiquement nous-même au-delà des définitions extérieures, choisir notre métier, identifier et nous appuyer sur la sphère qui donne sens et cohérence à notre vie, sont autant de préoccupations légitimes qui requièrent une ouverture à nos limites, comme à notre potentiel.
Reconnaissance externe : le regard des autres
Etre important, compétent et apprécié
D’après Will Schutz3, chacun d’entre nous a trois besoins psychologiques fondamentaux dans sa relation aux autres : celui d’être important c’est-à-dire d’exister aux yeux des autres, celui d’être compétent et celui d’être apprécié. Notre réflexion personnelle peut nous conduire à prendre conscience de notre fonctionnement, de nos besoins profonds, et ainsi à imaginer les comportements qui vont les nourrir avec une réelle efficacité.
Quelques exemples : faire des demandes appropriées aux autres pour avoir un feedback sur ses compétences, développer des contacts choisis pour être plus visible dans son activité, prendre pleinement sa place en accord avec ses compétences, prendre le pari de la confiance et s’ouvrir auprès de personnes appréciées, refuser les jugements négatifs, se nourrir profondément de ce que l’on reçoit (cadeaux, affection, signes de reconnaissance etc.).
Trouver en conscience l’action adéquate permettra d’éviter une fuite sans fin vers l’avant ou l’appel à des comportements défensifs qui ne nous apportent qu’un soulagement temporaire.
Reconnaissance interne : notre propre regard sur nous-même
Faire grandir notre estime de nous-même
La nature du lien que nous avons avec les personnes importantes de notre entourage est déterminante dans notre épanouissement et notre paix intérieure, et elle dépend du lien que nous entretenons avec nous-même, que l’on appelle estime de soi.
Cette relation à soi porte notamment sur trois aspects : l’importance que nous nous accordons à nous-même et l’attention que nous portons aux signes de notre corps, le regard que nous portons sur nos compétences et notre capacité à relever nos défis, et enfin l’amour que nous nous portons, c’est-à-dire l’acceptation inconditionnelle de nous-même.
L’exploration de ces aspects peut nous aider à comprendre nos failles et nos forces en matière d’estime de soi, et ainsi à renforcer celle-ci pour être moins dépendants de la reconnaissance des autres.
Quelques pistes : écarter nos pensées dévalorisantes, et avoir une « parole impeccable »4 vis-à-vis des autres comme de soi, veiller à ne pas se mettre en situation d’échec, s’encourager et s’aimer … et aussi se mettre en challenge, voire en risque pour éprouver ses qualités, ses compétences et grandir !
Chers lecteurs : et pour vous-même, quelles pistes voyez-vous pour nourrir sa confiance en soi et ne pas s’épuiser au travail ?
Merci de vos réactions !
Si vous souhaitez aller plus loin, vous pouvez télécharger ci-dessous le dossier détaillé sur ce thème :
Prévention épuisement professionnel
1Bruno LEFEBVRE, consultant et psychologue clinicien, société AlterAlliance
2Vincent LENHARDT Président de TransformancePro et Senior Advisor auprès de Bain & Company Paris, initiateur du coaching en France en 1988
3Will SCHUTZ, Psychologue américain, pionnier du mouvement du potentiel humain, a démontré les liens entre l’estime de soi, la confiance des salariés et la productivité
4Don Miguel RUIZ propose un puissant code de conduite capable de transformer notre vie en une expérience de liberté, de vrai bonheur et d’amour, car libérée du conditionnement collectif basé sur la peur (d’après son livre « Les quatre accords toltèques » inspiré des enseignements des chamans mexicains)
Bonjour,
Je suis heureuse de lire cet article car je me sens connectée à d’autres personnes qui tentent d’aider, d’informer, de vulgariser, avec des valeurs que je partage en grande partie : certains enseignements de Vincent Lenhardt, l’Elément Humain, les accords toltèques, …J’ai partagé votre article sur ma page professionnelle Facebook ainsi que Linkedin. Au plus nous serons à intervenir, au mieux nous pourrons aider. Je serais ravie de faire davantage connaissance, faites signe le cas échéant!
Sophie Feltrin